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Législatives et Energie

Le grand n'importe quoi

25 juin 2024


Communiqué de la Fédération Environnement Durable
environnementdurable.org

Paris, 19 juin – Le journal "Le Point" a publié aujourd'hui un article percutant intitulé "Énergie : le grand n’importe quoi des programmes pour les législatives", rédigé par Géraldine Woessner. Cet article analyse les propositions énergétiques des principaux partis politiques en lice pour les élections législatives, mettant en lumière les  idées  farfelues ou démagogiques.

Dans un contexte de crise énergétique persistante, marquée par des pénuries et une flambée des prix, le thème de l'énergie est devenu central pour la campagne électorale.

L'article met en évidence une véritable "foire d'empoigne" sur le nucléaire : Le "Nouveau Front populaire" affiche une indécision totale, tandis que le RN propose des plans ambitieux pour une relance massive du nucléaire, source d'énergie fiable et non intermittente,

L'article confirme que les énergies renouvelables comme l'éolien et le solaire, nécessitent des investissements colossaux dans de nouveaux réseaux électriques.  La mise à niveau de ces infrastructures représente un coût estimé à 200 milliards d'euros selon Enedis et le gestionnaire de réseau RTE, une charge ignorée dans les programmes des anti-nucléaires défenseurs des énergies renouvelables intermittentes.

 

Jean-Louis Butré, président

 

*  *  *  *  *

Énergie : le grand n’importe quoi des programmes pour les législatives

RN, « Nouveau Front populaire », majorité présidentielle… Les partis en lice pour les législatives rivalisent d’idées farfelues ou démagos sur ce sujet central.
https://www.lepoint.fr/politique/energie-le-grand-n-importe-quoi-des-programmes-des-legislatives-19-06-2024-2563341_20.php

Par Géraldine Woessner, LE POINT

Deux ans de crise énergétique, des pénuries en cascade et des prix ayant touché la stratosphère… Il n'est pas surprenant que dans la courte campagne pour les législatives, le thème de l'énergie occupe une place centrale. Les Français ont compris, depuis le pénible hiver 2023, qu'elle était le sang qui fait tourner notre économie. Sans source d'énergie sûre, abondante et bon marché, pas de relance du pouvoir d'achat, pas de réindustrialisation, pas de décarbonation, pas d'indépendance ni de souveraineté, pas de baisse du chômage…

Bref : pas de programme sérieux susceptible de soulager les maux du pays. On aurait pu s'attendre à

ce que les partis en lice soignent ce pan de leur programme… C'est tout l'inverse !

 

Le pouvoir d'achat d'abord !

 

« C'est un programme énergétique qui ne se centre que sur le pouvoir d'achat », constate Cécile Maisonneuve, présidente du cabinet de conseil Decysive et spécialiste de l'énergie. Alors qu'une nouvelle hausse des prix du gaz de 11,7 % est attendue au 1er juillet, le RN se propose tout simplement… de l'annuler, sans préciser que ce coût serait compensé par le contribuable, sauf à cesser d'entretenir le réseau. Coût pour les finances publiques : 1,2 milliard d'euros.

 

Sur sa lancée, il propose également d'abaisser la TVA de 20 % à 5,5 % sur l'ensemble des produits énergétiques, y compris les fossiles : électricité, gaz, essence, fioul, qui seraient considérés comme des « produits de première nécessité. » Les ONG environnementales s'en étranglent et l'Institut Montaigne s'alarme d'une potentielle envolée des émissions de CO2. Mais le RN assume. « Personne ne prend sa voiture pour le plaisir de faire trois tours de pâté de maisons », s'agace Jean-Philippe Tanguy, dont le nom est parfois cité comme potentiel ministre de l'Économie d'un gouvernement de cohabitation. Le coût de la mesure est estimé à environ 12 milliards d'euros par le parti d'opposition, mais à 17 milliards par Bercy.

 

Le « Nouveau Front populaire », lui, propose de bloquer les prix des produits de première nécessité, y compris l'énergie et le carburant… Sans expliquer comment, privés de marge, les acteurs s'y prendraient pour augmenter les salaires, autre promesse phare de l'alliance de la gauche.

 

Quant au gouvernement de la majorité sortante, plus raisonnable, il se contente de donner dans la démagogie en promettant une baisse dont il n'est en rien responsable : la diminution de 15 % des factures d'électricité, à laquelle s'engagent solennellement les candidats pour le 1er janvier 2025, est en réalité déjà actée ! Le calcul des tarifs réglementés est régulièrement réévalué, pour intégrer les baisses des prix du marché. Même si personne ne fait rien, les prix de l'électricité baisseront effectivement de l'ordre de… 15 % au 1er janvier. Finement joué !

 

Foire d'empoigne sur le nucléaire

 

Sur le nucléaire, les promesses sont tout aussi floues. N'étant d'accord sur rien, les candidats du

« Nouveau Front populaire » ont tout simplement décidé d'ignorer le sujet ! Mais il promet demain de terribles déchirements, si l'attelage hétéroclite de la gauche remportait le 7 juillet une majorité.


Le PCF est très favorable à une relance massive de l'atome, pierre angulaire de la réindustrialisation du pays – il ne s'en est jamais caché. La France insoumise est, elle, contre, farouchement !

 

Comme EELV, qui fait de la sortie du nucléaire le premier axe de son programme en faveur du climat (sic.). Le parti écologiste dit « viser le 100 % renouvelables dès 2040 », une formulation jésuitique traduisant des fractures internes : l'électorat EELV, à l'inverse de ses dirigeants, est favorable au nucléaire ! Marine Tondelier, elle, propose un moratoire : « On ouvre et on ne ferme pas de centrale nucléaire ni en 100 jours ni en deux ans. » « Et on fait quoi des ingénieurs qui sont déjà recrutés ? On les désembauche ? s'étrangle un professionnel du secteur. Cette incapacité à trancher et cette absence de vision ont déjà failli tuer la filière ! »

 

Le Parti socialiste est tout aussi embarrassé : plutôt favorable à l'atome, mais sans l'assumer, il s'en tire en déclarant voir le nucléaire comme « une énergie de transition »… Sans qu'on sache combien de temps durerait la transition ni vers quel mix elle conduirait. « Cela n'a aucun sens. On ne construit pas des infrastructures qui vont durer 100 ans dans un objectif de transition », s'inquiète Valérie Faudon, déléguée générale de la Sfen, qui rassemble les industriels du secteur.

 

Aucun, naturellement, ne précise comment seront financés les quelque 200 milliards d'euros nécessaires, selon Enedis et le gestionnaire de réseau RTE, à l'adaptation du réseau de distribution d'électricité à la montée des renouvelables ni n'indique s'ils accepteront des centaines de nouveaux raccordements et lignes à haute tension. Et personne ne précise comment sera « réindustrialisée la France » sans énergie pour alimenter les usines… En important de l'hydrogène ? Du gaz ? Et d'où ? De Russie ?

 

Le RN, à l'inverse, mise quasiment tout sur le nucléaire – avec un enthousiasme qui inquiète tout autant la filière. Son plan présenté à la dernière présidentielle, appelé Marie Curie, prévoyait la commande immédiate de 20 nouveaux réacteurs. Les 10 premiers réacteurs, des EPR, destinés à être livrés à partir de 2031, et les 10 autres, des EPR2, à partir de 2036. « C'est un pari dangereux, alors qu'on se met tout juste en ordre de bataille pour construire les 6 EPR réclamés par le gouvernement, et qu'on va devoir recruter 100 000 personnes en 10 ans ! » explique un professionnel du secteur.

 

« Si on y arrive, on pourra effectivement aller vite. Mais on n'a aucune garantie ! » Comme dans le même temps, le RN prône un moratoire sur les énergies solaire et éolienne, « même le maintien de la production actuelle va être difficile, puisqu'il va falloir remplacer tout le parc nucléaire dans les trente ans qui viennent. […] C'est du grand n'importe quoi ! » tranche la même source.

 

« Nous ne sommes pas encore inquiets, puisque nous ne savons pas ce qui va se passer, mais nous entrons clairement dans une période d'incertitude », confie un industriel, fatigué de ces « stop-and- go » permanents qui ont mis, ces quinze dernières années, notre système énergétique au bord du gouffre.

 

Attendue pendant deux ans et jamais présentée par le gouvernement, la loi énergie-climat aurait permis ces discussions de fond… Qui renforcent le sentiment de légèreté politique dénoncée par les observateurs, comme Cécile Maisonneuve. « Il est aberrant, après la crise que nous avons vécue, que les partis persistent à considérer que ce sujet n'est pas assez important pour faire l'objet d'un accord. »

 

 

 

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