Communiqué de la
Fédération Environnement Durable
environnementdurable.org
Paris,
19 juin – Le journal "Le Point" a publié aujourd'hui
un article percutant intitulé "Énergie
: le grand n’importe quoi des programmes pour les
législatives", rédigé par Géraldine
Woessner. Cet article analyse les propositions
énergétiques des principaux partis politiques en
lice pour les élections législatives, mettant en
lumière les idées farfelues
ou démagogiques.
Dans un contexte de crise énergétique persistante,
marquée par des pénuries et une flambée des prix, le
thème de l'énergie est devenu central pour la
campagne électorale.
L'article met en évidence une
véritable "foire
d'empoigne" sur le nucléaire : Le "Nouveau
Front populaire" affiche une indécision totale,
tandis que le RN propose des plans ambitieux pour
une relance massive du nucléaire, source
d'énergie fiable et non intermittente,
L'article confirme que les énergies renouvelables
comme l'éolien et le solaire, nécessitent des
investissements colossaux dans de nouveaux réseaux
électriques. La mise à niveau de ces
infrastructures représente un coût estimé à 200
milliards d'euros selon Enedis et le gestionnaire de
réseau RTE, une charge ignorée dans les programmes
des anti-nucléaires défenseurs des énergies
renouvelables intermittentes.
Jean-Louis Butré, président
* * * * *
Énergie : le grand n’importe quoi des programmes
pour les législatives
RN, « Nouveau Front populaire », majorité
présidentielle… Les partis en lice pour les
législatives rivalisent d’idées farfelues ou démagos
sur ce sujet central.
https://www.lepoint.fr/politique/energie-le-grand-n-importe-quoi-des-programmes-des-legislatives-19-06-2024-2563341_20.php
Par Géraldine
Woessner, LE POINT
Deux ans de crise
énergétique, des
pénuries en cascade et des prix ayant touché la
stratosphère… Il n'est pas surprenant que dans la
courte campagne pour les législatives, le thème de
l'énergie occupe une place centrale. Les Français
ont compris, depuis le pénible hiver 2023, qu'elle
était le sang qui fait tourner notre économie. Sans
source d'énergie sûre, abondante et bon marché, pas
de relance du pouvoir d'achat, pas de
réindustrialisation, pas de décarbonation, pas
d'indépendance ni de souveraineté, pas de baisse du
chômage…
Bref : pas de programme sérieux susceptible de
soulager les maux du pays. On aurait pu
s'attendre à
ce que les partis en lice soignent ce pan de
leur programme… C'est tout l'inverse !
Le pouvoir d'achat d'abord !
« C'est un programme énergétique qui ne se
centre que sur le pouvoir d'achat », constate
Cécile Maisonneuve, présidente du cabinet de
conseil Decysive et spécialiste de l'énergie.
Alors qu'une nouvelle hausse
des prix du gaz de 11,7 % est
attendue au 1er juillet,
le RN se propose tout simplement… de l'annuler,
sans préciser que ce coût serait compensé par le
contribuable, sauf à cesser d'entretenir le
réseau. Coût pour les finances publiques : 1,2
milliard d'euros.
Sur sa lancée, il propose également d'abaisser
la TVA de 20 % à 5,5 % sur l'ensemble des
produits énergétiques, y compris les fossiles :
électricité, gaz, essence, fioul, qui seraient
considérés comme des « produits de première
nécessité. » Les ONG environnementales s'en
étranglent et l'Institut Montaigne
s'alarme d'une potentielle envolée des émissions
de CO2.
Mais le RN assume. « Personne ne
prend sa voiture pour le plaisir de faire trois
tours de pâté de maisons », s'agace
Jean-Philippe Tanguy, dont le nom est parfois
cité comme potentiel ministre de l'Économie d'un
gouvernement de cohabitation. Le coût de la
mesure est estimé à environ 12 milliards d'euros
par le parti d'opposition, mais à 17 milliards
par Bercy.
Le « Nouveau Front populaire », lui, propose de
bloquer les prix des produits de première
nécessité, y compris l'énergie et le carburant…
Sans expliquer comment, privés de marge, les
acteurs s'y prendraient pour augmenter les
salaires, autre promesse phare de l'alliance de
la gauche.
Quant au gouvernement de la majorité sortante,
plus raisonnable, il se contente de donner dans
la démagogie en promettant une baisse dont il
n'est en rien responsable : la diminution de 15
% des factures
d'électricité, à laquelle
s'engagent solennellement les candidats pour le
1er janvier
2025, est en réalité déjà actée ! Le calcul des
tarifs réglementés est régulièrement réévalué,
pour intégrer les baisses des prix du marché.
Même si personne ne fait rien, les prix de
l'électricité baisseront effectivement de
l'ordre de… 15 % au 1er janvier.
Finement joué !
Foire d'empoigne sur le nucléaire
Sur le nucléaire, les promesses sont tout aussi
floues. N'étant d'accord sur rien, les candidats
du
« Nouveau Front populaire » ont tout simplement
décidé d'ignorer le sujet ! Mais il promet
demain de terribles déchirements, si l'attelage
hétéroclite de la gauche remportait le 7 juillet
une majorité.
Le PCF est très favorable à une relance massive de
l'atome, pierre angulaire de la réindustrialisation
du pays – il ne s'en est jamais caché. La France
insoumise est, elle, contre, farouchement !
Comme EELV, qui fait de la sortie du nucléaire le
premier axe de son programme en faveur du climat
(sic.). Le parti écologiste dit « viser le 100 %
renouvelables dès 2040 », une formulation jésuitique
traduisant des fractures internes : l'électorat
EELV, à l'inverse de ses dirigeants, est favorable
au nucléaire ! Marine Tondelier, elle, propose un
moratoire : « On ouvre et on ne ferme pas de
centrale nucléaire ni en 100 jours ni en deux ans. »
« Et on fait quoi des ingénieurs qui sont déjà
recrutés ? On les désembauche ? s'étrangle un
professionnel du secteur. Cette incapacité à
trancher et cette absence de vision ont déjà failli
tuer la filière ! »
Le Parti socialiste est tout aussi embarrassé :
plutôt favorable à l'atome, mais sans l'assumer, il
s'en tire en déclarant voir le nucléaire comme « une
énergie de transition »… Sans qu'on sache combien de
temps durerait la transition ni vers quel mix elle
conduirait. « Cela n'a aucun sens. On ne construit
pas des infrastructures qui vont durer 100 ans dans
un objectif de transition », s'inquiète Valérie
Faudon, déléguée générale de la Sfen, qui rassemble
les industriels du secteur.
Aucun, naturellement, ne précise comment seront
financés les quelque 200 milliards d'euros
nécessaires, selon Enedis et le gestionnaire de
réseau RTE, à l'adaptation du réseau de distribution
d'électricité à la montée des renouvelables ni
n'indique s'ils accepteront des centaines de
nouveaux raccordements et lignes à haute tension. Et
personne ne précise comment sera « réindustrialisée
la France » sans énergie pour alimenter les usines…
En important de l'hydrogène ? Du gaz ? Et d'où ? De
Russie ?
Le RN, à l'inverse, mise quasiment tout sur le
nucléaire – avec un enthousiasme qui inquiète tout
autant la filière. Son plan
présenté à la dernière présidentielle, appelé
Marie Curie, prévoyait la commande immédiate de 20
nouveaux réacteurs. Les 10 premiers réacteurs, des
EPR, destinés à être livrés à partir de 2031, et les
10 autres, des EPR2, à partir de 2036. « C'est un
pari dangereux, alors qu'on se met tout juste en
ordre de bataille pour construire les 6 EPR réclamés
par le gouvernement, et qu'on va devoir recruter 100
000 personnes en 10 ans ! » explique un
professionnel du secteur.
« Si on y arrive, on pourra effectivement aller
vite. Mais on n'a aucune garantie ! » Comme dans le
même temps, le RN prône un moratoire sur les
énergies solaire et éolienne, « même le maintien de
la production actuelle va être difficile, puisqu'il
va falloir remplacer tout le parc nucléaire dans les
trente ans qui viennent. […] C'est du grand
n'importe quoi ! » tranche la même source.
« Nous ne sommes pas encore inquiets, puisque nous
ne savons pas ce qui va se passer, mais nous entrons
clairement dans une période d'incertitude », confie
un industriel, fatigué de ces « stop-and- go »
permanents qui ont mis, ces quinze dernières années,
notre système énergétique au bord du gouffre.
Attendue pendant deux ans et jamais présentée par le
gouvernement, la loi énergie-climat aurait permis
ces discussions de fond… Qui renforcent le sentiment
de légèreté politique dénoncée par les observateurs,
comme Cécile Maisonneuve. « Il est aberrant, après
la crise que nous avons vécue, que les partis
persistent à considérer que ce sujet n'est pas assez
important pour faire l'objet d'un accord. »